L’Olympe était en fête. Les nuages, d’ordinaire d’un blanc opalin, avaient été festonnés de guirlandes composées de reines‐marguerites et de cheveux‐de‐Vénus. L’écharpe arc‐en‐ciel d’Iris faisait chatoyer l’éther de mille reflets diaphanes. Éole lui‐même s’époumonait à souffler des paillettes jaune clair, qui virevoltaient en volutes coruscantes et finissaient par s’accrocher aux branches des cyprès comme à celles des troènes. On les aurait dits revêtus d’une myriade de flocons de neige d’une couleur pareille à l’ambre doré.
Les invités, beaux comme des dieux – ou des déesses, c’est selon – affluaient vers le mont Pélion, le lieu des réjouissances qu’Hermès, le héraut officiel, leur avait indiqué. Cet endroit, théâtre d’une ancienne guerre entre Géants et Olympiens, possédait une forêt de chênes magiques dont le bois servirait à construire un bateau mythique. Mais aujourd’hui, cette montagne accueillait la célébration d’un mariage semi‐divin : celui d’une néréide et d’un mortel. Alors, tout le gotha immortel avait quitté ses pénates habituels pour se rendre à ce conjungo singulier où l’attendaient des agapes exceptionnelles.
Présidant le banquet, Zeus, le souverain… jupitérien, se régalait de cette ambroisie si raffinée. À sa droite, Héra, sa femme et sœur – il faut dire que, chez les Hellènes, les mœurs sont plutôt libérées –, laïussait à propos de l’épithalame qu’avaient déclamé les Muses. Aphrodite, vêtue d’une superbe robe piquetée d’apollons et de vulcains, et Athéna, qui ne s’était pas séparée de son égide surnaturelle, l’écoutaient distraitement. Soudain, surgissant importunément de nulle part – tous avaient été invités excepté la déesse de la Discorde –, Éris jeta à la face des trois femmes qui en restèrent babas une pomme d’or, golden cuivrée ou jonagold mordorée, sur laquelle était inscrit « À la plus belle ».
Chacune des trois s’en serait bien emparée ; et elles se seraient crêpé le chignon, voire battues jusqu’au trognon pour la gagner, si Zeus n’avait pas demandé que Pâris, un jeune pâtre plutôt bonne poire, résolût le différend. Et c’est là que les pépins arrivèrent…
« Le savoir est l’unique fortune que l’on peut entièrement donner sans en rien la diminuer. » Amadou HAMPÂTE BÂ - Écrivain et éthologue malien.
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