La dictée en folie D'OCTOBRE

LES DEUX COQS

 

Dans la cour d'une ferme vivaient deux robustes coqs, copains comme pourceaux en soue. Leur amitié, leur sympathie, leur attachement ne semblait d'aucune façon volatil.

 

Et pourtant, s'immisce une cocotte au jabot provocant, et voilà nos deux acolytes qui montent sur leurs ergots et qui se volent dans les plumes ! Ô combien de guerres se sont succédé pour une idylle avec une poulette, quand bien même celle-ci serait à peine plus futée qu'une dinde !

 

Le pugilat s'engage sur-le-champ, sous un soleil au zénith lançant ses rais tous azimuts. Les deux rivaux, des poids coq(s) ou des poids plume(s), on ne sait, se battent bec et ongles.

 

La gent crêtée, qu'ont attirée les râles sibilants (râle pulmonaire avec sifflement) des adversaires, assiste, tout excitée, à la rixe.

 

Après trois quarts d'heure d'une lutte corps à corps, le premier, complètement cuit, trébuche sur un nid-de-poule loin du poulailler. Le bec cloué au sol, harassé, il rend les armes.

 

Le champion parade alors, flanqué de ses nouvelles fans ; il griffonne (griffer) des poulets et donne des rancards (rancarts ou rencards) à l'envi. Quant au vaincu, honteux, c'est au fond du rancard (rebut) qu'il part se cacher. Il jure de prendre sa revanche, d'exercer ses muscles alaires (adjectif, relatif à l'aile) dès que l'aquilon (poétique : vent du Nord) se lèvera et de ne pas aller au plume (plumard) tant que subsistera un souffle.

 

Pas question de ménager ses pennes (longue plume de l'aile ou de la queue), et tant pis si l'on croit que cet amateur de sarrasins a un grain !

 

Mais de vengeance, il n'y en eut point. Le vainqueur, ayant grimpé sur le toit du pailler (hangar où l'on entrepose la paille), poussa des cocoricos hâbleurs (fanfaron, qui vante ses propres mérites) et dissonants. Un faucon pèlerin en vadrouille repéra le gallinacé et fondit en piqué pour l'occire.

 

Ainsi ce fut le coq défait qui devint la coqueluche de ces dames : le nombre de cot cot coquets qu'elles lui adressèrent prouva qu'il avait la cote !

  

Moralité : on n'aura garde de pérorer (discourir longuement et avec emphase) quand on vainc : beaucoup qui ne se sont pas mouchés du coude s'en sont mordu les doigts !

 

Philippe Dessouliers d'après Jean de La Fontaine

 

Les dictées en folie de juin

Le Chlore au Quine de Françoise Malaviolle

La Dordogne et son village de GLANDAGE.

 

La salle des fêtes se remplissait, le Quine (quine : jeu de loto : Aveyron / Midi) allait commencer.

 

Juste avant de franchir le seuil, un rêveur observait un mergule (oiseau palmipède   bec très court) qui passait et un omble-chevalier (poisson) qui trépassait, pris dans l'étau becqué.

Soudain, une pétroleuse au verbe haut entra sous un tollé général, suivie par un effluve de chlore prononcé à l'excès.

Bien connue des Glandageois pour son caractère entier, elle était le contraire de son mari qui pétouillait. (de Suisse – pétouiller : ne pas se décider, traîner, tarder). Il aurait fallu qu'elle le convainquît de changer, mais rien n'y fit.

 

Les participantes écœurées par "l'arme honnie" de ses charmes qui, pour plus d'une, avait été un piège les ayant faites cornues, lui dédièrent de furieuses œillades.

 Avant qu'elle ne sévisse dans les couples, les charmants fiancés en pleine oaristys (idylle, conversation tendre), ne se doutaient point de ses noirs desseins.

 

Le pauvre maire, son mari pétouilleur la délaissant pour ses administrés, n'administrait que rarement sa vie conjugale.

De ce fait, elle se vengeait sur les autres couples en séduisant ces messieurs.

Femme vénale de surcroît, elle n'hésitait pas à se faire offrir des matabiches (pot-de-vin, bakchich) en échange de son silence auprès des cocufiées.

 

Elle s'installa, répandant une forte et infecte odeur de chlore, faisant s'égailler (se disperser, se débander pour échapper à un danger) ses proches voisins.

Venant de la piscine au QUINE, on aurait cru qu'elle avait pris un bain de javel.

L'animateur du QUINE se plaça au micro et indiqua le 43.

Un homme sortit un tolar (unité monétaire principale de la Slovénie) de sa poche en guise de porte-bonheur.

Son voisin lui dit : "pour qu'il y ait un tolar en tôle (ou taule : prison) encore faudrait-il qu'un slovène s'y trouvât ?"

"où ça ?".

"ben en tôle, pardi !".

Il y a de l'HUGO dans l'air de Bruno Dewaele

Il y a de l'HUGO dans l'air

 

Quel beau cadeau de Noël que le dernier-né des studios Disney !

Quoi que l'on pense de ces superproductions typiquement américaines, quelle que soit notre méfiance après les trahisons qu'ont déjà subies les chefs-d'œuvre de notre littérature, cet intermède de poésie tombe à pic.

 

Puisse le cabri de la gracieuse bohémienne nous faire oublier, ne fût-ce qu'un instant, nos vaches folles !

Puissent les éclats joyeux des foules d'antan couvrir ceux, d'une tout autre gravité, de ces satanées bouteilles de gaz !

 

Car cette histoire n'est pas seulement celle d'une cathédrale, quelque séduisants que soient son chevet (partie postérieure externe du chœur d'une église), ses tympans (paroi qui clôt l'arc des portails romans et gothiques) gris clair, ses gargouilles dégoutantes de pluie.

C'est aussi celle d'un Paris moyenâgeux, avec ses baladins, ses marionnettistes et ses culs-de-jatte.

 

Sans oublier les coupe-jarrets (brigands, assassins), tire-laine (voleurs qui attaquaient les gens pour voler leurs manteaux) et autres escarpes (bandits, voleurs) rusés qui, se faufilant entre les échoppes, détroussaient le chaland sans crainte de se faire choper.

 

Et vous voudriez que l'on fît la fine bouche, sous prétexte que ce dessin animé là est l'œuvre des Yankees ?

 

D'autant que, quand nombre d'entre nous ne songent plus qu'à se taper la cloche, le carillonneur boiteux de Notre-Dame fait entendre la voix des exclus.

 

N'en est-il pas le plus convaincant des porte-parole (invariable) ? S'il lui arrive, vu sa gibbosité (bosse du thorax due à une déformation comme une scoliose), de se cloîtrer dans sa tour, si ses amours déçues lui donnent parfois le bourdon, il n'en roule pas moins sa bosse de stalle (emplacement pour un animal dans une écurie ou une étable délimité par des cloisons) en confessionnal, du maître-autel (dans la liturgie, le maître-autel est l'autel principal d'une église, placé dans l'axe de la nef, où est célébrée la messe) aux fonts baptismaux (bassin placé sur un support contenant l'eau pour les baptêmes).

 

Pour un peu, le pitre lirait l'épître (texte emprunté au Nouveau Testament ou à l'Apocalypse) et, l'amict (linge que le prêtre se met sur les épaules avant de revêtir l'aube) sur les épaules, dirait la messe à la place de l'archidiacre (prélat responsable de l'administration d'une partie du diocèse, sous l'autorité de l'évêque) ! Bel exemple de réinsertion.

 

Bruno Dewaele

Ta mère - la dictée qui rend fou - Auteur inconnu

Monsieur LAMÈRE a épousé Mademoiselle LEPÈRE. De ce mariage, est né un fils aux yeux pers.

Monsieur est le père, madame est la mère. Les deux font la paire.

 

Le père, quoique père, est resté LAMÈRE, mais la mère, avant d'être LAMÈRE, était LEPÈRE.

Le père est donc le père sans être LEPÈRE, puisqu'il est LAMÈRE et la mère est LAMÈRE, bien que née LEPÈRE.

 

Aucun des deux n'est maire. N'étant ni maire, ni mère, le père ne commet donc pas d'impair en signant LAMÈRE.

 

Le fils aux yeux pers de LEPÈRE deviendra maire. Il sera le maire LAMÈRE, aux yeux pers, fils de monsieur LAMÈRE, son père, et de mademoiselle LEPÈRE, sa mère.

La mère du maire meurt et LAMÈRE, père du maire, la perd.

 

Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père LEPÈRE, vient du bord de mer, et marche de pair avec le maire LAMÈRE, son petit-fils.

 

Les amis du maire, venus pour la mère, cherchant les LAMÈRE, ne trouvent que le maire et LEPÈRE, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s'y perd.