A l'ordre du jour ce mois :

  • L'atelier d'écriture : que vous inspire ce tableau
  • La dictée en folie

Atelier d'écriture avec Skype

Que vous inspire ce tableau ?

Jeune homme à la fenêtre d'Eugène Caillebotte

Il était confiné chez lui depuis 4 mois car il avait attrapé en Chine une maladie hautement contagieuse. C’est une amie qui le ravitaillait. Elle lui mettait la nourriture dans un panier qu’il tirait jusqu’à chez lui à l’aide d’une corde. Heureusement elle était bonne cuisinière ! Ce parisien, grand voyageur du fait de son métier : il était journaliste, restait des heures à sa fenêtre. Son appartement donnait sur une rue animée et il soliloquait toute la journée en regardant le spectacle plus bas :

"- Tiens, voilà la dame au chien ; elle a l’air pressée aujourd’hui, c’est à peine si Médor a eu le temps de lever la patte.
- Et ce couple, je les reconnais ; ils se disputent ou quoi ? Y’a de l’eau dans le gaz, on dirait.
- Ah voilà ma préférée : la jeune fille brune au pull violet".
Il regarda autour de lui et attrapa une feuille de papier qu’il roula en boule et qu’il lança par la fenêtre en visant la jeune fille. Mais le papier atterrit sur la tête d’un cycliste. Alors il soupira, prit une bouteille d’absinthe et commença à s’enivrer comme tous les soirs.  
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Non ! Je ne suis pas confiné ! Je me dégourdis les jambes.
J'ai hérité du don de voyance de Nostradamus.
Le peu de monde sur cette place, ce sera pour le début 2020.
Je ne sais pas pourquoi, mais je vois une crise.
En attendant, je prends l'air et bientôt le soleil qui va atteindre
mon balcon dans quelques minutes.
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Pas trop mal, ce matin, le petit déjeuner en chambre. Voilà une journée qui commence bien.
L’eau de la douche était chaude, tout va bien, même si je tourne un peu en rond dans cette chambre.
Heureusement, ils m’ont logé sur la rue. J’ai vue sur le ciel et le mouvement dehors. Mouvement réduit. Les rues se sont vidées depuis des mois maintenant.
Avec la fermeture des frontières, on n’a plus d’essence, les voitures à cheval ont repris du service.
Le matin quand ils ramassent les poubelles, on a droit au bruit des sabots sur le macadam.
C’est beau Paris.
Quand on est arrivés avec la troupe, on devait donner huit représentations.
Puis tout s’est arrêté. On n’a même pas fini le programme.
Aujourd’hui, nos chemises sont tombées en lambeaux. Nous portons nos costumes de scène.
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L’homme, debout, devant son balcon, près de la fenêtre regarda la rue avec étonnement. Il n’y avait pas âme qui vive qui se promenât dans les rues du quartier. La température de l’air était douce et l’air semblait étonnamment pur ou presque. Il profita de ce moment inhabituel pour lui et vivait cela comme dans un rêve. En effet, il se réveilla de sa torpeur car il souffrait d’amnésie partielle. Il considéra ce moment comme un instant de grâce avec le sentiment d’un bien-être intérieur et de paix profonde. Il ressentait en lui une fluidité qui circulait dans toutes les cellules et molécules de son corps. Il se sentait comme rajeuni et régénéré, il venait de vivre un jeûne de deux semaines suite à une pénurie inhabituelle de produits alimentaires.
Il avait dû s’adapter à la situation qui lui appris beaucoup d’aspects : plus de conscience, de présence, d’attention aux autres, de créativité, de générosité... De plus, il vivait d’un don extraordinaire, l’art de transmettre avec pédagogie son cours de français pour les étrangers et aussi de répondre à toutes les situations imprévues qui se présentaient à lui...

La dictée en folie d'avril

DEUX BURGIENNES RANCUNIÈRES... de Jean-Pierre COLIGNON

Tous les vendredis soir, au mois de mai, ces deux sœurs natives de Bourg-en-Bresse prennent le TGV pour Paris, afin de passer les week-ends dans la Ville Lumière. L'aînée, aux yeux gris-vert, âgée de quelque trente ans, s'est juré de traverser à pied tous les ponts et passerelles de la capitale. La cadette, aux cheveux carotte, est une philatéliste acharnée qui fait à chaque fois une provision de timbres-poste représentant de hauts lieux touristiques de la France : les puys d'Auvergne, le château de Versailles la Côte d'Azur, la tour Eiffel, etc...

 

Toutes les deux raffolent des petits-beurre, qu'elles dégustent en grand nombre assises sur un banc, tout en se laissant hâler par un soleil en plein zénith. Assoiffées, ensuite, elles vont s'installer dans une brasserie pour y savourer chacune deux demis pression en admirant les massifs de fleurs des terre-pleins voisins ! Elles ont cru constater que nombre de Parisiens rubiconds, à la fin des repas, aiment bien accompagner le café d'un punch flambé, comme si tous les chemins menaient au rhum !

 

Un allogène censé être éclairé leur a raconté avec force détails que les bateaux-mouches qui permettent de faire de belles balades sur la Seine ont été inventés par un fabricant de pédalos, dans les années 1930. Mais quand nos deux héroïnes ont répété avec ingénuité cette coquecigrue peut-être énoncée de bonne foi par ce sympathique cinéaste brésilien à qui son épouse irascible fait sans cesse des scènes à Rio, tous leurs amis spécialistes de l'étymologie se sont ri d'elles !

 

Vexées d'avoir été ainsi... menées en bateau, elles ont convié le réalisateur, le samedi suivant, à une promenade pédestre dans Montmartre. Par les rues les plus pentues et par les escaliers aux marches les plus raides, elles ont alors arpenté à grandes enjambées ce quartier très touristique, suivies tant bien que mal par le spécialiste des bandes des ciné... Quoique n'étant pas un vieillard décrépit, le malheureux, livide, soufflait tel un bébé qui halète. Il faut dire qu'il pèse aujourd'hui bien plus que les soixante kilos qu'il a pesé quand il avait vingt ans !

 

Suffisamment vengées, les sœurs lui offrirent, pour visiter, cette fois, le sud-est de Paris, un parcours dans une calèche ancienne qu'à son époque, dit-on Mozart héla...